Départ d’Althéa – Légende d’Aristide
Ecriture et Mise en scène d’un monologue
Il y a quelques années, j’ai eu l’opportunité, grâce aux cours, d’écrire et de mettre en scène un monologue. L’exercice consistait à s’inspirer des monologues antiques, à la manière de Médée, tout en imaginant une mise en scène contrastant avec leur ancienneté. J’ai particulièrement aimé cet exercice, car il m’a permis de découvrir deux univers que je n’avais encore jamais explorés : l’écriture et la mise en scène. Cette expérience a stimulé ma créativité et m’a poussée à explorer de nouvelles choses.



C’est un homme appelé Aristide qui, lorsqu’il était jeune, a rencontré la belle Althéa, fille d’Aménophis, roi d’Eubée. Il demande au roi la main de sa fille. Le roi Aménophis accepte, à condition que celui-ci réussisse une série d’épreuves pour prouver qu’il est digne de sa fille et de la place d’héritier au trône aux côtés d’Althéa. Mais Aristide ne réussit pas l’une de ces épreuves et finit par s’enfuir avec Althéa dans une contrée lointaine, pour échapper au roi. Arrivés en Galatie, les deux amants se marient et vivent une belle vie. Ils ont deux enfants. Mais un jour, Althéa apprend que son père est mort. Elle doit donc faire un choix : partir retrouver sa place auprès de sa mère et réaliser les souhaits de son père, ou rester auprès de son mari. Elle décide finalement de choisir sa place dans la société et de devenir reine d’Eubée, puisqu’elle apprend qu’Aristide a eu un enfant avec une autre femme. En partant avec ses deux enfants, elle trahit son mari, l’engagement qui la liait à lui, et le laisse dans la souffrance et la solitude. Ce monologue se déroule à la fin de la pièce : c’est Aristide qui parle. Il voit sa femme s’en aller avec ses deux enfants.
Ô dieu ! Ce char volant, disparu dans la nue,
La dérobe à sa peine, aussi bien qu’à ma vue ;
Et son impunité triomphe arrogamment
Des projets avortés de mon ressentiment.
Et comment peux-tu te passer de tous nos feux ?
Que dis-je ?! C’est impossible, ton cœur ne le peut.
Reviens-moi, Althéa… je t’en prie ! Mon cœur meurt !
Est-ce de ma faute ? Ai-je fait quelque erreur ?!
Pour qu’une telle réaction impétueuse
Rende mon âme en cet instant si malheureuse…
Je sais que mes fautes, mes péchés, mes crimes
Sont irrémissibles, mais rends-toi magnanime !
Et oublies-tu ce lien si fort qui nous unit ?!
Et face à ta famille nous a offert crédit !
Et tu pars avec nos enfants sans affliction,
Mais crois-moi que les dieux te réservent damnation !
Ciel, que veux-tu ?! Que je fasse un infanticide ?
Reviendrais-tu si je commets tel homicide ?!
Aristide t’implore ! Althéa, gracie-le !
Quel compromis veux-tu de plus que mes aveux ?!
Il tombe à genoux dans le désespoir
Quand s’évanouira ce vide sidéral
Qui, au creux de mes bras ballants, me fait si mal !
Ne comprends donc-tu pas ma rude repentance,
Qui laisse en moi une âpre impression d’impuissance ?
Ô flamme éteinte, qui ce soir consume mon cœur,
Si vous ne m’aimez point, alors est venue l’heure :
Adieu, mon Althéa… je n’ai aimé que vous !
Et même de l’autre côté du Styx, crois-moi,
Sans rémission je songerai encore à toi…
Il se poignarde et tombe sur le sol